« Le Soir » à droite ? « La Libre Belgique » à sa gauche ?

La Une de Llbé de ce lundi.
Référendum grec et analyse médiatique – Réalité ou stéréotype ? Les médias (dominants) pour finir disent tous la même chose. Il n'y aurait aucune différence. La presse serait-elle vraiment qu'uniforme ? A l'occasion de sujets fortement clivants, des journaux peuvent cependant se positionner dans des camps opposés. Et c'est tant mieux.

L'actualité européenne en général, de la Grèce en particulier, suite au référendum de hier organisé à la demande du gouvernement grec dans le cadre de son bras de fer avec les instances européennes et gagné par le camp du « non » à plus de 60 %, nous permettent une intéressante analyse de nos médias. A cette occasion, par exemple, nous pouvons constater les tonalités bien différentes de deux grands titres de la presse écrite belge francophone : Le Soir d'un côté, La Libre Belgique de l'autre.

A la vue de leurs couvertures et à la lecture de leurs éditoriaux respectifs, un constat nous saute aux yeux : le premier quotidien se situe clairement idéologiquement sur une ligne pro-Commission européenne en appelant, sous la plume de Béatrice Delvaux, à « désamorcer la confrontation des peuples » (européens), quand le second se positionne, et pas toujours entre les lignes, pour un soutien direct et affiché au peuple grec : « Les Européens n'ont d'autre choix que de tendre la main à la population grecque », écrit ce lundi Francis Van de Woestyne.


Poing levé contre l'austérité
Voyez encore les Unes du Soir et de La Libre Belgique de ce lundi (ci-dessus). La première pourrait être la question posée - avec empressement et sans ménagement - par Jean-Claude Juncker, Angela Merkel ou la big-boss du FMI à Alexis Tsipras, le premier ministre grec, leader charismatique et surdoué de Syriza, un parti toujours bien ancré dans une gauche radicale anticapitaliste qui plaide pour une « Autre Europe ». Et qui vient de donner, via l'organisation de son référendum, une leçon de démocratie aux patrons de l'Europe actuelle.

La Libre a fait le choix d'une couverture plus « offensive ». Se situant du côté du peuple hellénique. Elle se compose d'un titre et d'une photo clairs et précis résumant le message du camp majoritaire du « non » : « Le bras d'honneur des Grecs à l'austérité », avec comme seule illustration, un poing levé ! Cette « cover » pourrait se confondre avec la première page du prochain numéro de Solidaire, le mensuel du Parti du Travail de Belgique (PTB), ou de La Gauche, le journal de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).

Vive les débats d'idées
Par cette analyse, nous pouvons conclure que Le Soir se méfie, comme la troïka, du gouvernement conduit par le populaire Alexis Tsipras. Mais cette méfiance de nature « libérale » ne semble pas être partagée par le quotidien La Libre Belgique.

Souvent conformiste dans le style, uniforme dans le fond, influencée par la même pensée unique et régentée par un politiquement correct cul-de-sac, la presse parfois se divise au niveau idéologique. Et cela ne peut-être qu'un bien fait pour elle-même, pour ses lecteurs et les débats d'idées.

> Manuel Abramowicz